Avant même que la France ne soit entièrement libérée, le gouvernement provisoire crée en octobre 1944 la Commission d’histoire de l’Occupation et de la Libération de la France, puis le Comité d’histoire de la guerre l’année suivante, qui fusionnent en 1951 avec le Comité d’histoire de la seconde guerre mondiale. Leur objectif est de collecter les traces de la guerre, notamment celles de la résistance, pour permettre aux futurs historiens d’avoir accès à cette mémoire. Face aux difficultés à documenter une activité par essence clandestine, les correspondants départementaux des comités se sont lancés dans une grande enquête, marquée de manière novatrice par une collecte massive de témoignages, dans le maintien du secret et avec un délai de communicabilité de cinquante ans. Les archives orales, en plein essor, suscitent alors un grand intérêt et de vives critiques. Le témoignage est à la fois vu comme vecteur d’une nouvelle histoire, celle des mémoires, à la fois individuelle et collective, mais également porteur d’incertitudes, de mensonge, de partialité. Il est donc intéressant d’interroger le rôle qu’ont eu ces enquêteurs et enquêtrices, dans le développement du témoignage comme archives historiques. Afin d’appréhender cette question, il est nécessaire de comprendre leur démarche et leurs objectifs. La méthodologie qu’ils et elles ont peu à peu mise en place était parfois imprécise, mais a-t-elle influencé la méthodologie archivistique actuelle?